Breakfast Run, la veille du marathon. Départ de l'ONU, arrivée à Central Park, ça trottine gentiment, pas de classement


Broadway

Elles étaient là !

Elles étaient là !

Elles étaient là !

Central Park, 3 heures après l'arrivée du marathon. Toute l'inquiétude du monde...

C'est fini ! on peut arrêter le chrono...

Marathon de New York, Central Park, 40eme kilomètre

Marathon de New York, Central Park, 40eme kilomètre

Claudie, waiting for her runner hero...

Encouragements, quelle bonne idée !

Marathon de New York, 25e kilomètre, Jean Baptiste Protais, 1er Français, 8eme du marathon

Juste Fais-le


Marathon de New York, 25e kilomètre

« Giovanni da Verrazano, le Vénitien, a débarqué ici en 1524. Premier Blanc dans la baie, au temps où Manhattan signifiait « île au collines ». Le pont du détroit de Verrazano, le plus long du monde, deux miles et demi. Projeté par Amman, pour voitures seulement, inauguré en 1964. Depuis 1977, un seul jour par an, en général le premier dimanche de novembre, après Halloween, il est réservé aux piétons. A une condition : qu’ils courent ! » (Daniel de Roulet, La Ligne Bleue ) ......
..............................Le Marathon de New York , l’idée de le faire arrive fin 1990. A cette époque, je suis adhérent à l’AFCF ( Amicale Française des Coureurs de Fond ). Crée par un pilote d’Air France, Georges Salzenstein, coureur de fond lui-même, cette association regroupe des coureurs de toute la France et organise des voyages pour les grands marathons étrangers. Georges Salzenstein connaît personnellement Fred Lebow, l’organisateur du marathon de NY ( décédé assez récemment, d’une tumeur au cerveau ). Cette relation et le sérieux reconnu de l’AFCF facilite l’accès aux fameux dossards du marathon le plus prestigieux du monde.
Car les organisateurs du marathon de NY refusent chaque année des milliers de candidats, et surtout n’acceptent pas d’inscriptions individuelles.
En 1991, sur 27000 coureurs, il y a environ 12000 « étrangers » ( Non US ).
.....................................Fin 1990, je contacte donc l’AFCF pour participer à cette aventure. Quelques inquiétudes naissent du fait que Saddam Hussein vient d’envahir son voisin Koweitien, ce qui ravit Bush père et le lobby des fabricants d’armes US qui vont pouvoir essayer grandeur nature leurs jouets coûteux ( en dollars dans le texte, et en vies sur le terrain ). A ce moment, on ne sait pas comment ni quand ces échanges de projectiles au moyen orient vont se terminer. Saddam met le feu à tout ce qui ressemble à un derrick, le pétrole augmente, le dollar aussi… à 5.20 francs en décembre 90, il arrive à 6 francs en septembre 91… et notre voyage augmente aussi !
...................................L’AFCF propose 13 groupes, avec des dates de départ et d’arrivée, ainsi que des hôtels différents. Nous arrêtons notre choix sur un groupe qui part le mercredi 30 octobre à 13 heures de Roissy, arrive à NY à 15h15, et revient le lendemain du marathon, le 4 novembre.
Nous logerons à l’hôtel Roosevelt, à l’angle de Madison Avenue et de la 45e rue.
Finalement un groupe est supprimé ( pas assez de participants ) et 1390 personnes se répartissent les 12 groupes restants, dont 678 coureurs. ( 1800 français seront au départ du marathon cette année-là, le plus gros contingent étranger, devant les italiens et mexicains ).
.........................................Le vol est l’occasion de discuter avec nos voisins de fauteuils, marathoniens aussi, et partager notre euphorie et nos inquiétudes. Jean-Claude, policier parisien qui l’a déjà fait nous conseille d’aller retirer les dossards le plus vite possible, pour éviter la cohue des derniers jours. Passons sur le passage à l’immigration, à l’aéroport, en rang d’oignon, et sans rigoler de préférence !
On découvre l’hôtel, beaucoup d’étages, des couloirs interminables, un hall d’accueil comme un terrain de foot…. C’est américain !!! L’hôtel accueille 1000 marathoniens français et 600 italiens.
L’hôtel est assez bruyant, la circulation est permanente, et de plus il est situé assez près de la gare…On retrouve notre petit groupe un peu plus tard pour aller chercher le dossard, au Coliséum. Là aussi c’est géant, mais bien organisé. Des stands partout, les sponsors, les boutiques et un « trouble desk », ou s’adresser en cas de problème. On en profite pour s’inscrire à la « Breakfast Run ».
........................................La Breakfast Run, ce n’est pas vraiment une course puisqu’aucun classement n’existe. Ca se passe la veille du marathon, le samedi donc. C’est vers 8 h du matin, c’est réservé aux « étrangers », ça part du sièges de l’ONU ( à 200 m de notre hôtel…) et ça finit à Central Park. Et ça s’appelle Breakfast Run parce qu’on nous offre le petit déjeuner à l’arrivée. Ca trottine gentiment parmi les gratte-ciels, pendant 5 ou 6 km, dans une ambiance très festive. A l’arrivée, échange de pin’s ( eh, oui, c’était la mode ! ) J’échange un pin’s BNP contre un pin’s représentant le drapeau du Costa Rica ( à une CostaRicaine ). A l’ONU, nous avons droit à des discours de quelques personnalités qui font le marathon le lendemain, dont Bernard Kouchner qui nous déclare notamment que « All of us, even the elders, are the symbol of youth ». T’as bien raison, Bernard !!!.
..................................................En attendant, depuis 2 jours ( Jeudi et Vendredi ), on visite Manhattan. On essaye de ne pas avoir toujours le nez en l’air pour pas passer pour des touristes, mais c’est dur ! On se fait l’Empire State Building, l’ascenseur nous monte à 300 m en 1 minute….shhhh, et là, du 87eme étage on a une vue extraordinaire sur cette ville en érection. On trouve un couple de français avec qui on partage le déjeuner. Lui vaut moins de 3 h sur marathon, mais comme elle fera son premier, et pense mettre 5 heures, il restera avec elle et courra avec le camescope pour immortaliser tout ça.
L’après-midi on se dirige vers downtown, par Brodway, Soho, Tribeca (Triangle Below Canal Street) jusqu’à la mythique Wall Street, là où Dieu se prononce D.O.L.L.A.R. On se trouve à ce moment au pied des Twin Towers, qu’un promoteur ( à explosion ) transformera 10 ans après en terrain nu à l’aide de 2 boeings. Sans prévenir les résidents, ni les passagers des avions ! Quel étourdi !
..............................Finalement, en fin d’après-midi, les jambes lourdes, on rentre à l’hôtel en taxi, non sans avoir fait une visite dans un Mac Do
...............................Le vendredi, on prend comme la veille notre petit déj’ dans un bar porto-ricain, près de l’hôtel, mais beaucoup moins cher. Quelques mots en espagnol échangés avec le patron et on est accueilli avec sympathie. Thé, ou Coca, il n’y a rien à moins de 50 centilitres. Faut s’y faire…le mot « petit » n’est pas dans le vocabulaire New yorkais.
On se promène près de Rockefeller Center, avec sa patinoire en plein air, puis on fait une journée culturelle, au MOMA ( Museum of Modern Art ). On reste, entre autre, béats d’admiration devant les nymphéas de Monet, on déjeune sur place, au musée. En repartant, je veux acheter à la boutique du musée un livre sur Andrew Wyeth, mais ils n’en ont plus.
.................................Trainer dans un musée 2 jours avant un marathon n’est pas le meilleur moyen de reposer les jambes, on piétine beaucoup, les jambes sont lourdes. De toutes façons, on m’a prévenu : » A NY , tu mettras au moins ¼ d’heure de plus que ton meilleur temps, le parcours est trop dur ! » Donc, je profite de ces visites sans arrière-pensée.
....................................Surtout que notre journée n’est pas fini : on a rendez-vous avec Mac et Myriam.
Mac et Myriam sont un couple d’Américains qui adorent la France, et surtout le Cognac. Ils ont donc acheté une maison dans la région et depuis quelques années, on se voit très souvent, on fête notamment Halloween chez eux avec de la vraie soupe au pumkin. Ils ont gardé leur appartement de NY, au 13e et dernier étage d’un « petit immeuble » de la 7e avenue.
Et c’est parti, pour marcher, encore marcher. Arrêt dans un bar de nuit, boire un p’tit coup et prendre l’ambiance, dîner dans un resto texan, Hudson Street, ou nous mangeons du poisson-chat arrosé d’une biere mexicaine, dans une ambiance de musique folk. On rentre quand même en bus, chez eux. Et nous voilà vers minuit en train de boire le champagne, sur la terrasse, en plein air. Il n’est de meilleure compagnie qui se quitte, et nous rentrons à l’hôtel à pied…. Pffff…Mac nous indique un détour à faire, car notre chemin direct passe par une rue où les dealers sont assez dangereux la nuit.
.........................................Toutes ces kilomètres à pied, plus la Breakfast Run….le samedi après-midi, je ne vois qu’une sieste pour se reposer un peu sinon le marathon risque d’être long !!! Le samedi soir, au lieu d’aller à la pasta-party officielle, à Tavern-on-the-green, à Central Park, nous cherchons avec notre petit groupe de marathonien un endroit ou trouver des pâtes. Un resto italien fait parfaitement l’affaire, et nous nous mettons au lit, finalement, pas trop tard… car demain… grand jour !!!
......................LE MARATHON
..................................Malgré l’excitation due à l’événement, je dors bien. Réveil à 4 h30. Petit déjeuner à l’hôtel malgré le prix prohibitif, mais on n’a pas le temps d’aller dans notre bar Porto Ricain. C’est qu’il faut se rendre devant la Bibliothèque municipale, lieu ou les bus font une noria incessante pour emmener tous ces bipèdes sur le lieu de départ. Environ 1 heure de route. Dans le bus, chacun réagit différemment : certains sont très concentrés, dans leur bulle, d’autres surexcités parlent sans arrêt, plaisantent.
Notre bus arrive vers 8 heures devant Fort Wadworth. C’est là que sont « parqués » les 27000 participants, que les bus déversent à jet continu. Ce fort appartient à l’armée américaine, qui le prête pour l’occasion aux organisateurs. Il est situé juste au pied du pont de Verrazano, où est situé le départ.
.......................................3 heures à attendre ( départ à 10h50, comme ça les premiers arrivent dans le journal TV de 13 heures. ). Il fait beau, mais frais, pas loin de la gelée. Je suis avec Jean-Claude et Manu, 2 autres marathoniens du groupe avec qui j’ai bien sympathisé. Nous allons prendre un café, un ou deux petits pains, et nous attendons sous une grande tente de l’armée pour se réchauffer un peu.
Dans ce fort, comme ailleurs tout est démesuré : les fontaines à café, à thé s’alignent sur des dizaines de mètres. Un service religieux en plein air côtoie une estrade ou certains font leur échauffement dans une musique d’aérobic. Des toilettes publiques s’étalent sur 200 m. Une immense dalle de 500 m de long sert de pissotière. Américain.
...........................................Vers 10 h 30, un appel demande d’aller vers les grilles, encore fermées, qui donnent sur la ligne de départ. 10000 coureurs font partie du groupe bleu ( les plus rapides ). 10000 font partie du groupe vert ( les « moyens » ) et 7000 du groupe rouge, les plus lents. Je suis dans le groupe vert.
Les grilles s’ouvrent, les arbres qui sont alentour se couvrent de vieux vêtements !!! tous les T.shirts, les sweat shirt, vieux pantalons, volent et font de drôles de fruits !!! (ils seront ensuite ramassés par des organisations caritatives et distribuées aux nécessiteux de la ville ).
En attendant , l’excitation est à son comble. Ca parle, ça hurle…on entend à peine l’hymne américain…. Mais on entend très bien le coup de canon qui libère cette bande de fous furieux.
..................................Les 3 premiers miles sont sans public. Mais pas sans bruit !!! 54000 chaussures tapent sur le bitume du pont. Des cris d’indiens couvrent le bruit des hélicoptères de la télé qui tournent au-dessus du pont. Ce pont est à 2 étages. 2 fois 3 voies dessus, 2 fois 3 voies dessous. Le groupe vert dont je fais partie passe à l’étage inférieur. De chaque côté du pont les bateaux-pompiers font fonctionner leur lances et font des jets d’eaux géants.
..................................Une bonne côte, ce pont, environ 80 m de dénivellé. Par chance et par hasard, je suis parti pas trop loin de la ligne de départ, et je ne perds pas plus d’une minute. Les derniers passent environ ¼ d’heure après les premiers. Après 2 km, toujours sur le pont mais dans la descente, les cris se calment, les coureurs sont vraiment entrés dans leur marathon. Moment riche en émotion quand même. Un Français qui court à mon côté me dit « je sais pas pour toi, mais moi, ça me ferait presque pleurer !!! »
................................A la sortie du pont, chaque voie prend sa propre direction et ne fusionne que plus loin. Ce qui fait que quand les routes se rejoignent, chacun est à sa place et il n’y a pas de bouchon. ( les distances parcourues sont identique, bien entendu ).
................................5 kilomètres. 23’30 . C’est assez rapide, car il y a la côte du départ et le temps perdu avant la ligne.
Une longue avenue toute droite dans Brooklyn, 4 voies séparées par un terre-plein. La foule est impressionnante sur les côtés. Des enfants tendent leurs mains pour une tape amicale, d’autres proposent des bonbons, des verres d’eau… Sur le terre-plein, des groupes de rock ajoutent à l’ambiance. La fête est totale, 2 yeux et 2 oreilles ne suffisent pas à absorber tout ça !
Cette ambiance va être totale pendant tout le marathon ( sauf 2 km dans le quartier juif, ils ne semblent pas s’apercevoir des 27000 coureurs, et vaquent tranquillement à leurs occupations ). Faux-plat montants et descendants se succèdent, mais je ne vois pas passer les kilomètres tant le spectacle est fascinant.
46 mn au 10eme kilo, je viens de faire 22’30 sur cette tranche de 5 km sans m’en apercevoir.. Inconsciemment, j’accélère encore : 22 mn pour les 5 km suivants, soit 1 h 08 au 15e km.
On trouve de tout aux ravitaillements : de l’eau bien sur, et des boissons énergétique, mais aussi des petits gâteaux, du coca… C’est la première fois que je mange des gâteaux dans un marathon !!!
Je calme un peu l’allure, bien que pas essoufflé ni fatigué. 1 h 31’15 au 20eme, puis 1h36’12 au semi marathon, au milieu du pont Pulaski
..............................Le pont Pulaski nous fait sortir de Brooklyn pour passer dans le quartier du Queen’s, et devant la mairie de ce quartier, c’est un orchestre d’une cinquantaine de cuivres qui accompagne les coureurs. Casimir Pulaski, jeune officier de cavalerie polonais, tombé en 1779 dans les états du Sud permet à l’ambassade de Pologne de hisser une fois par an le drapeau national.
.................................On n’arrête pas de passer des ponts !!! il est vrai que ces quartiers ( boroughs) sont plutôt des îles, et il faut bien passer de l’une à l’autre… donc au 15e mile, on arrive au Queensboro bridge, joli ouvrage d’un bon kilomètre de long, et il faut encore monter…On passe du Queens à Manhattan en silence : la voie reservée au marathoniens est une sorte de paille de fer sur laquelle on a mis un tapis pour ne pas blesser les coureurs. Comme il n’y a pas de spectateurs sur le pont, c’est très feutré.
............................Et le contraste n’en est que plus saisissant à la sortie du pont, on a l’impression d’arriver dans un stade plein à craquer tellement les clameurs et les encouragements sont hurlés du bord de la route. De plus, en bas du pont, on tourne 3 fois à gauche de 90°, et les gens sont tassés sur plusieurs rangs dans toute cette partie. Pas de doute, on est bien dans Manhattan, le cœur de NY !!!
Après ces trois virages, on repasse donc naturellement sous le pied du pont, et on est sur l’impressionnante 1ere avenue : 7 km de ligne droite avec une succession de montées et descentes qui donnent l’impression d’énormes vagues. C’est le 25e kilomètre, en 1 h 55 ’40, vraiment bien !!! Jusque là , je n’ai pas ressenti de fatigue, mais tout d’un coup…
.......................OÙ EST DONC CLAUDIE ?( OU L’IMPORTANCE D’UN DETAIL ) ..............
Je l’ai laissée ce matin, tôt, à l’hôtel. Mac et Myriam devaient passer la chercher. Pas de problème, ils sont bien venus et tous les trois sont allés au Marriott’s pour le breakfast
Ensuite ils sont allés m’attendre juste après le ravitaillement du 25e km, au début de la 1ere avenue. Pris des photos. Fait un panneau d’encouragement « Allez Michel, Loulay » sur un carton attaché à un ballon vert. Et on s’est royalement loupés !!! J’avais dit à Claudie, je courrai sur la gauche de la route. Pour moi, c’était comme pour une rivière, dans le sens du courant, donc dans le sens de la course. Elle a compris à gauche en regardant la course. Donc à ma droite.
............................Et pendant que je marchais en buvant mon gobelet d’eau, en rasant les barrières à ma gauche, recherchant ma chérie, nous étions séparés par 20 m de bitume et des dizaines de marathoniens.
J’ai repris ma course, déçu et inquiet, elle m’a paru longue cette première avenue, mais ça a paru encore plus long à Claudie, Myriam et Mac, qui ne me voyant pas passer ont attendu, attendu….Ce qui a encore énormément compliqué la suite….
.........................30eme kilo en 2 h19’43. ......................
Passage éclair dans le Bronx, environ 1.5 km, puis retour dans Manhattan , par Harlem. Au 35eme, en 2 h45 pile, je me dis qu’il est possible de faire 3 h20. Je suis depuis quelques kilomètres avec un Mexicain et une Américaine ( enfin, je crois, car elle court avec un walkman sur les oreilles et il est inutile de lui parler, elle est unplugged du monde extérieur ) 7 ou 8 km au même rythme, tous les 3, c’est bien d’avoir un point de repère pour faire l’allure à ce moment du marathon, où ça commence à tirer pas mal dans les jambes. On quitte la 5eme avenue, assez plate, vers le 38eme kilomètre, et là changement de décor. C’est très joli, ces arbres avec leurs couleurs d’automne, mais la route est en montagnes russes. Côtes et descentes font exploser notre trio. Je dois laisser partir mes compagnons de route occasionnels, et au 40eme km, je me fais une raison, ce sera un peu plus de 3h20, puisque je passe en 3 h 10’30. Il reste 2,2 km, le public est déchaîné. Ils sont vraiment fous de leur marathon, les New yorkais. Dans Central Park, on a installé des gradins, et ils payent 40 dollars pour regarder le marathon. Je ne pense pas que ça pourrait se faire ailleurs…. Déjà quand c’est gratuit, ça n’interesse pas grand monde….
................................Dernière côte, dernier virage, et la ligne d’arrivée apparaît 400 m devant moi. Je sprinte quand même pour faire moins de 3 h 22. Ca marche, je fais 3 h 21’58.
3353 eme sur 27000 je suis quand même hyper content de tout ça.
Faut pas traîner sur la ligne d’arrivée, on remet à chacun une « couverture de survie », genre papier d’alu au logo du marathon, d’environ 1.50 m sur 1.50. Le défilé des zombies commence dans un bruit métallique, une petite brise agitant toutes ces « couvertures ». ..........................
UNE AUTRE AVENTURE COMMENCE…
...............................Bon, maintenant, retrouver Claudie. C’est vraiment bien organisé, 3 ou 400 m après l’arrivée, un espace dégagé de Central Park est reservé aux retrouvailles, la « Family Area Reunion ». A espace régulier, 26 ballons flottent à 20 m de haut au bout d’une ficelle, portant chacun une lettre de l’alphabet. Je me rends sous le ballon « B », et j’attends. 10 mn....20 mn.... 30 mn..... L’inquiétude pointe. Je devine qu’ils ont dû m’attendre longtemps sur la 1ere avenue, mais quand même…. Ils avaient 1 km à faire pendant que j’en faisais 17.
Je commence à avoir froid, je suis un peu en hypoglycémie. J’avais glissé un billet de 10 dollars dans la poche de mon short, ce matin. Je m’offre un coca, et un taxi pour rentrer à l’hôtel, où je pense trouver mon petit monde.
..............................Ils ne sont pas à l’hôtel… aïe, aïe. Je prends le 1er des 6 ascenseurs pour aller voir dans la chambre, c’est sûr, ils sont là-haut…. Ben non… la porte est fermée. Je n’ai pas le choix, je m’assois dans le couloir .
Après quelques minutes, encore un truc pas prévu : l’agent de sécurité de l’hôtel a peur que je sois un « rat d’hôtel », et ce type avec sa couverture-argentée-qui-fait-du-bruit, en short dessous ne lui plait pas beaucoup.
Je lui explique la situation… il ne me croit pas trop, nous redescendons. Il me pose des questions, nom, prénom, date de naissance , numéro de la chambre. J’ai tout juste, je peux donc tenter le « banco ». « Your security number ? » Ah, bonne question, le numéro du coffre qu’on a pris à l’hôtel pour mettre nos passeports et quelques traveller’s cheques. Malgré mon hypo de plus en plus prononcée, je donne la bonne réponse, et il change d’attitude. Nous remontons et il m’ouvre la chambre avec son passe.
....................................Ca ne résoud pas tous mes problèmes, mais je vais pouvoir me doucher et m’habiller pour de vrai. De plus, il y a quelques gâteaux secs dans un sac, ça fait pas de mal.
Ceci fait, je redescend dans le hall, et m’asseois… waitin’….
.......................................Vers 18 h, presque 4 h après mon arrivée du marathon, Mac passe la porte de l’hôtel, visiblement très soulagé de me voir, me dit « She’s worrying… ». Ils étaient morts d’inquiétude, ils avaient téléphoné à tous les hopitaux de NY. Ouf, ça fait du bien de se retrouver. On se raconte nos journées, maudissant ce grain de sable dans notre organisation qui a gâché leur journée. Ils sont bien allés a la « Family Area Reunion », mais je n’y étais plus. Si j’avais couru en 4 heures ou plus…
................................Le soir un énorme T.Bone steack ( Taille adulte, version US ) dans un resto, avec « des vraies frites » et une Budweiser (le vin est hors de prix, ici ) me paraît comme un repas de roi !!! faut dire que depuis le matin 4 h30, je n’ai pris comme vrai repas que le petit déjeuner… entre grignotages et coca, après 42 bornes, j’ai comme un creux au niveau de l’estomac.
Madison Avenue peut bien faire du bruit, ce soir, je m’endors très facilement….
................................Vol retour dès le lendemain. L’aventure se finit bien.
Plusieurs marathonien, à New York, m’ont prévenu : « en sortant d’un truc aussi énorme, les autres courses risquent de te paraître fade ». Certains me disent avoir mis des mois à s’inscrire de nouveau.
Pour éviter cette situation, je m’engage dès le retour au 1er marathon de La Rochelle, juste en face de l’autre côté de l’Océan. 3 semaines après.
En attendant, les souvenirs resteront plus longtemps que les courbatures !
Ensuite ils sont allés m’attendre juste après le ravitaillement du 25e km, au début de la 1ere avenue. Pris des photos. Fait un panneau d’encouragement « Allez Michel, Loulay » sur un carton attaché à un ballon vert. Et on s’est royalement loupés !!! J’avais dit à Claudie, je courrai sur la gauche de la route. Pour moi, c’était comme pour une rivière, dans le sens du courant, donc dans le sens de la course. Elle a compris à gauche en regardant la course. Donc à ma droite.
............................Et pendant que je marchais en buvant mon gobelet d’eau, en rasant les barrières à ma gauche, recherchant ma chérie, nous étions séparés par 20 m de bitume et des dizaines de marathoniens.
J’ai repris ma course, déçu et inquiet, elle m’a paru longue cette première avenue, mais ça a paru encore plus long à Claudie, Myriam et Mac, qui ne me voyant pas passer ont attendu, attendu….Ce qui a encore énormément compliqué la suite….
.........................30eme kilo en 2 h19’43. ......................
Passage éclair dans le Bronx, environ 1.5 km, puis retour dans Manhattan , par Harlem. Au 35eme, en 2 h45 pile, je me dis qu’il est possible de faire 3 h20. Je suis depuis quelques kilomètres avec un Mexicain et une Américaine ( enfin, je crois, car elle court avec un walkman sur les oreilles et il est inutile de lui parler, elle est unplugged du monde extérieur ) 7 ou 8 km au même rythme, tous les 3, c’est bien d’avoir un point de repère pour faire l’allure à ce moment du marathon, où ça commence à tirer pas mal dans les jambes. On quitte la 5eme avenue, assez plate, vers le 38eme kilomètre, et là changement de décor. C’est très joli, ces arbres avec leurs couleurs d’automne, mais la route est en montagnes russes. Côtes et descentes font exploser notre trio. Je dois laisser partir mes compagnons de route occasionnels, et au 40eme km, je me fais une raison, ce sera un peu plus de 3h20, puisque je passe en 3 h 10’30. Il reste 2,2 km, le public est déchaîné. Ils sont vraiment fous de leur marathon, les New yorkais. Dans Central Park, on a installé des gradins, et ils payent 40 dollars pour regarder le marathon. Je ne pense pas que ça pourrait se faire ailleurs…. Déjà quand c’est gratuit, ça n’interesse pas grand monde….
................................Dernière côte, dernier virage, et la ligne d’arrivée apparaît 400 m devant moi. Je sprinte quand même pour faire moins de 3 h 22. Ca marche, je fais 3 h 21’58.
3353 eme sur 27000 je suis quand même hyper content de tout ça.
Faut pas traîner sur la ligne d’arrivée, on remet à chacun une « couverture de survie », genre papier d’alu au logo du marathon, d’environ 1.50 m sur 1.50. Le défilé des zombies commence dans un bruit métallique, une petite brise agitant toutes ces « couvertures ». ..........................
UNE AUTRE AVENTURE COMMENCE…
...............................Bon, maintenant, retrouver Claudie. C’est vraiment bien organisé, 3 ou 400 m après l’arrivée, un espace dégagé de Central Park est reservé aux retrouvailles, la « Family Area Reunion ». A espace régulier, 26 ballons flottent à 20 m de haut au bout d’une ficelle, portant chacun une lettre de l’alphabet. Je me rends sous le ballon « B », et j’attends. 10 mn....20 mn.... 30 mn..... L’inquiétude pointe. Je devine qu’ils ont dû m’attendre longtemps sur la 1ere avenue, mais quand même…. Ils avaient 1 km à faire pendant que j’en faisais 17.
Je commence à avoir froid, je suis un peu en hypoglycémie. J’avais glissé un billet de 10 dollars dans la poche de mon short, ce matin. Je m’offre un coca, et un taxi pour rentrer à l’hôtel, où je pense trouver mon petit monde.
..............................Ils ne sont pas à l’hôtel… aïe, aïe. Je prends le 1er des 6 ascenseurs pour aller voir dans la chambre, c’est sûr, ils sont là-haut…. Ben non… la porte est fermée. Je n’ai pas le choix, je m’assois dans le couloir .
Après quelques minutes, encore un truc pas prévu : l’agent de sécurité de l’hôtel a peur que je sois un « rat d’hôtel », et ce type avec sa couverture-argentée-qui-fait-du-bruit, en short dessous ne lui plait pas beaucoup.
Je lui explique la situation… il ne me croit pas trop, nous redescendons. Il me pose des questions, nom, prénom, date de naissance , numéro de la chambre. J’ai tout juste, je peux donc tenter le « banco ». « Your security number ? » Ah, bonne question, le numéro du coffre qu’on a pris à l’hôtel pour mettre nos passeports et quelques traveller’s cheques. Malgré mon hypo de plus en plus prononcée, je donne la bonne réponse, et il change d’attitude. Nous remontons et il m’ouvre la chambre avec son passe.
....................................Ca ne résoud pas tous mes problèmes, mais je vais pouvoir me doucher et m’habiller pour de vrai. De plus, il y a quelques gâteaux secs dans un sac, ça fait pas de mal.
Ceci fait, je redescend dans le hall, et m’asseois… waitin’….
.......................................Vers 18 h, presque 4 h après mon arrivée du marathon, Mac passe la porte de l’hôtel, visiblement très soulagé de me voir, me dit « She’s worrying… ». Ils étaient morts d’inquiétude, ils avaient téléphoné à tous les hopitaux de NY. Ouf, ça fait du bien de se retrouver. On se raconte nos journées, maudissant ce grain de sable dans notre organisation qui a gâché leur journée. Ils sont bien allés a la « Family Area Reunion », mais je n’y étais plus. Si j’avais couru en 4 heures ou plus…
................................Le soir un énorme T.Bone steack ( Taille adulte, version US ) dans un resto, avec « des vraies frites » et une Budweiser (le vin est hors de prix, ici ) me paraît comme un repas de roi !!! faut dire que depuis le matin 4 h30, je n’ai pris comme vrai repas que le petit déjeuner… entre grignotages et coca, après 42 bornes, j’ai comme un creux au niveau de l’estomac.
Madison Avenue peut bien faire du bruit, ce soir, je m’endors très facilement….
................................Vol retour dès le lendemain. L’aventure se finit bien.
Plusieurs marathonien, à New York, m’ont prévenu : « en sortant d’un truc aussi énorme, les autres courses risquent de te paraître fade ». Certains me disent avoir mis des mois à s’inscrire de nouveau.
Pour éviter cette situation, je m’engage dès le retour au 1er marathon de La Rochelle, juste en face de l’autre côté de l’Océan. 3 semaines après.
En attendant, les souvenirs resteront plus longtemps que les courbatures !
3 commentaires:
J'y étais aussi ce jour-là , j'y ai pensé aujourd'hui en me disant que cela faisait pile 20 ans.
Votre reportage est très bien fait.
Bonjour, j'y étais aussi ce jour-là , je me suis dit ce matin en y pensant que cela faisait pile 20 ans.
Votre reportage est très bien fait.
C'est vrai que ça fait 20 ans !!! pourtant c'est comme si c'était hier !!! Tu es du Morbihan ? j'adore courir là-bas !
Michel
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